Pour une écologie insoumise au libéralisme

Nous, militant.e.s de l’écologie politique, élu.e.s, adhérent.e.s à EELV ou ex-EELV, faisons le choix d’accompagner de toutes nos forces l’émergence d’un mouvement politique écologiste et populaire pour une transformation radicale de la société. Un mouvement qui a fait de l’écologie politique une matrice et est capable d’associer les partis tout en les dépassant. À notre tour nous déclarons notre insoumission fondamentale à l’ordo-libéralisme et à ses logiques de destruction des humains et de la nature. Nous soutiendrons la candidature de Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle et nous engagerons dans un processus de recomposition politique dès les élections législatives sur la base d’un programme partagé.

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Le choix de l’insoumission, à propos de la présidentielle de 2017 et du choix de présenter un candidat EELV autonome

La situation nouvelle dans laquelle nous nous trouvons depuis l’élection de Donald Trump et la désignation de François Fillon comme candidat de la droite et du centre nous oblige à réaffirmer les choix, finalement minoritaires, que nous avions portés lors du dernier Congrès d’EELV et alors même que les primaires de l’écologie viennent de s’achever.

Ce billet a été publié sous forme de tribune sur Mediapart : https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/021216/le-choix-de-l-insoumission

  1. La situation nouvelle dans laquelle nous nous trouvons depuis l’élection de Donald Trump et la désignation de François Fillon comme candidat de la droite et du centre nous oblige à réaffirmer les choix, finalement minoritaires, que nous avions portés lors du dernier Congrès d’EELV et alors même que les primaires de l’écologie viennent de s’achever. La victoire sans appel de deux réactionnaires sur les bases d’une révolution ultralibérale, conservatrice, et souverainiste dans deux des six plus grandes puissances du monde conjuguée avec le poutinisme et le renforcement de la prédominance de Xi Jinping en Chine, ou encore d’Erdogan en Turquie change la donne. Le monde dans lequel nous entrons rompt non seulement avec les Trente glorieuses mais aussi, en Occident, avec la promesse de progrès social et démocratique. Le chaos géopolitique se double maintenant d’une hypothèse autoritaire. Le capitalisme n’a plus besoin de la démocratie, nulle part.

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A propos de la proposition de primaires ouvertes à gauche

Après les élections régionales et les attentats du 13 novembre, la crise politique s’approfondit. La démission de Christiane Taubira comme la proposition de primaires à gauche, le débat sur la déchéance de la nationalité et la remise en cause des acquis sociaux et du droit du travail démontrent que les fractures dans ce qui s’appelait «la gauche» sont désormais irrémédiables. Les partisan.e.s du social libéralisme basculent dans le néo conservatisme et font partie du même bloc que le centre droit, tandis que les sarkozystes se rapprochent toujours plus du bloc nationaliste. La question d’une candidature rassemblée du bloc cosmopolite de l’écologie sociale est donc posée. C’est dans ce cadre qu’il nous faut examiner si la question des primaires a un sens.

1. La proposition de Dany Cohn Bendit et de ses ami.e.s, si elle ouvre un débat nécessaire n’est pas une solution à la crise de la représentation démocratique.
Le processus des primaires ouvertes initiés notamment à l’occasion de l’élection présidentielle de 2012 peut apparaître comme un moyen de renouvellement de la démocratie initiant un nouveau rapport entre les citoyen.ne.s et la politique et un renouvellement générationnel et social d’une classe politique devenue hors sol. En donnant un espace de liberté permettant un débat ouvert, les primaires pourraient permettre de recomposer le paysage politique. Malheureusement ce processus est depuis le début préempté par des appareils défaillants, et des entrepreneurs politiques qui cherchent à proposer leurs services sans se soucier des enjeux politiques fondamentaux. Nous devons répondre à LA vraie crise : celle de la politique. Celle-ci s’exprime à travers la désaffection de la politique politicienne, de ses rites électoraux et de ses représentant.e.s professionnel.le.s et à travers la vacance de la représentation politique des classes populaires et des intellectuel.le.s précaires. Peut-il y avoir un espace commun de débat et d’intervention ? La primaire pourrait être un tel espace si elle partait d’un socle commun de valeurs, de principes et d’axes politiques communs. Nous ne voulons pas nous engager dans un concours Lépine de la meilleure technique pour la présidentielle. Nous avons déjà les Primaires de l’écologie, les primaires de la gauche de la gauche, les primaires de la gauche et des écologistes, les primaires de l’Alternative. La question dès lors n’est pas le périmètre des primaires mais leur objectif politique. Avons-nous besoin d’un.e seul.e candidat.e de toute la gauche et des écologistes pour être présent au second tour ? Avons-nous besoin d’une candidature de témoignage ? Avons-nous besoin de rééquilibrer la gauche en faisant apparaître un quatrième bloc qui fasse revenir les déçu.e.s de la gauche face aux candidat.e.s de droite, sociaux libéraux et d’extrême droite ? Devons-nous faire l’impasse sur les présidentielles et préparer la recomposition de l’après 2017 ? C’est d’abord le choix entre ces options qui doit nous orienter et pas le piège du « bougisme » qui par la magie de quelques personnalités et d’une bonne opération de com’ nous entrainerait dans une impasse.
2. A l’heure actuelle les primaires fonctionnent comme un leurre.
Les scénarios peuvent se résumer ainsi :
Soit le président ne participe pas et se représente ce qui est la logique naturelle des institutions. On ne voit pas un président de la République descendre dans l’arène face à des candidat.e.s des différentes tendances de la gauche et de l’écologie.
Soit il ne se représente pas et les primaires peuvent avoir lieu. Mais si par exemple Manuel Valls les remporte, les candidats d’EELV, du Pcf ou d’autres accepteront-ils/elles de se ranger comme un seul homme ou une seule femme derrière le chef du social libéralisme autoritaire ? Accepteront-ils/elles ainsi d’avaliser la déchéance de nationalité, le Pacte de responsabilité, la politique étrangère et européenne, le bilan de ce gouvernement. Et si malgré ces primaires, un.e candidat.e issu.e de la gauche se présente et exprime l’indignation d’une gauche se sentant flouée par une politique de droite, iront-ils/elles jusqu’à le dénoncer ?
On le voit : Dés que l’on en parle concrètement, cette proposition apparemment séduisant se dégonfle comme une baudruche. Elle empêche pendant ce temps de concentrer les efforts de milliers de militant.e.s visant à lutter contre la politique gouvernementale, l’état d’urgence, la déchéance de nationalité, le chômage, le démantèlement de l’Etat social…. Elle empêche de se battre contre la droitisation et le néo-conservatisme d’une gauche de gouvernement qui n’a plus de limites dans sa course à la triangulation. En effet, prendre son propre camp à contre-pied et affaiblir son opposition en allant sur son terrain et ainsi espérer élargir sa base électorale, si cela devient l’essentiel des comportements politiques, tue la Politique. Les primaires sont le stade suprême de l’électoralisme et de l’individualisation de la politique.
3. Les primaires sont donc une fausse bonne idée qui aboutit à son contraire : le renforcement du présidentialisme et des institutions de la Vème République.
Les primaires étendent les maux de la présidentialisation de la vie politique à toute l’activité des partis en les transformant en clubs de supporters. Les primaires sont à la politique ce que sont les soldes à la consommation. Un moment où chacun s’engouffre pour acheter le dernier produit au meilleur prix avant la nouvelle saison. Les primaires sont comme les sondages ; Une photographie de l’opinion à un moment précis qui permet de construire une opinion publique. Les primaires nient aux partis la partie de leur fonction qui avec le temps est devenue la principale activité : celle de sélectionner des candidat.e.s aux différents échelons institutionnels. Elles soulignent la crise des partis politiques en les désaisissant et en les dévitalisant. En cela elles sont l’expression achevée du « coup d’Etat permanent », celui réalisé par les Institutions de la Vème République. Avec ce processus apparemment démocratique, il s’agit de donner sa voix à un candidat.e censé.e nous représenter alors que l’enjeu d’une citoyenneté active réelle est de reprendre la parole. Cette prise de parole est la condition préalable de la reconquête du pouvoir par celles et ceux qui en sont privés par les professionnel.le.s. Cette prise de parole du peuple est donc la condition préalable au renouvellement indispensable de la politique et des responsables politiques.
4. Les primaires sont une des conséquences de la crise de représentation démocratique et de l’affaiblissement des corps intermédiaires.
La peoplisation de la vie politique est un composé de buzz sur les réseaux sociaux, de la « BFMisation » de l’information, rythmé par la publication des sondages et de la marchandisation de la politique. Aux Etats Unis, les primaires sont la matrice d’un système politique où l’abstention règne en maître et l’argent des grandes compagnies détermine en grande partie les candidatures. Dans le cas français les primaires renforcent la présidentialisation de la vie politique française en hystérisant la personnalisation, la soumission à la communication politique et la professionnalisation des élites. Des écuries se forment pour propulser leur cheval dans la course d’obstacles. Le dernier effet pervers de la primaire a été l’extension de la triangulation à gauche comme à droite. Il faut pour les candidat.e.s de gauche construire leur crédibilité à droite et à l’inverse pour les candidat.e.s de la droite et de l’extrême droite reprendre des thèses de la gauche comme la laïcité, le travail, ou même les services publics. Dés lors penser que les primaires peuvent être un apport à la démocratisation de la vie politique est un leurre. De fait les primaires vont renforcer le conservatisme de la classe politique française. L’exemple de la primaire du PS en 2011 montre que ce sont les sondages qui ont fait la désignation du candidat Hollande. SI l’opinion publique penche à droite, comme l’a montré Patrick Champagne dans « Faire l’opinion », il est dès lors cohérent que les votant.e.s désignent un.e candidat.e exprimant cette tendance de l’opinion.
5. Pour des primaires du projet : modestes propositions pour renouveler la classe politique :
• D’abord demander que les vraies primaires, celles du premier tour des présidentielles puissent être démocratisées. Ce n’est pas aux seul.e.s élu.e.s de désigner les prétendants. Ce sont les citoyen.ne.s qui devraient pouvoir parrainer les candidat.e.s. SI cent mille personnes étaient mobilisées à travers une campagne de mobilisation citoyenne, le débat ne se ferait plus seulement sur les plateaux de télévision mais aussi dans la rue ; dans les quartiers, les universités et les entreprises.
Dans le même temps, exiger que soit imposé l’inversion du calendrier électoral entre législatives et présidentielles pour redonner du sens aux élections législatives. Et enfin obtenir la proportionnelle, élément indispensable du rééquilibrage à gauche comme à droite de la vie politique française. Si l’ensemble de ces modifications étaient apportées, elles pourraient être parachevées par un mandat unique de 7 ans pour le président de la République, permettant à ce que nous ne soyons plus soumis.es au seul lobbying de sa réélection. Ce n’est pas notre priorité. Nous préférerions en finir avec l’élection présidentielle mais tant que celle ci apparaît impossible à obtenir le mandat unique nous semble la meilleure solution.
• Elaborer un contrat de mandature citoyenne. Même si le programme est indissociable du candidat qui l’incarne, nous devons avoir un socle commun. La première étape est donc de fédérer un maximum de clubs, d’associations, de sites, de revues qui animent la société civile pour créer une dynamique de débats autour de ce socle commun. Ce qu’il faut d’abord casser c’est la coupure, la séparation totale entre les syndicats, les associations et les partis. Les militant.e.s de la société civile doivent prendre parti c’est-à-dire exercer leur capacité politique et déprofessionaliser la politique. Le candidat.e n’émergera pas de ce débat mais par contre les éléments programmatiques issus de ce mouvement de la citoyenneté active, devront être pris en compte. Nous devons mutualiser les savoirs citoyens de façon à irriguer et à peser sur les programmes de tou.te.s les candidat.e.s. Pour cela nous devons organiser des comités d’action politiques qui rassemblent de manière transpartidaire des personnes engagées localement. Nous savons bien que l’espace local, celui du quartier, de la cité, de l’arrondissement, de la ville, du village, est la dimension préférentielle de l’engagement. Même si nombre de jeunes se mobilisent à travers les réseaux citoyens, il faut d’abord s’enraciner dans l’action locale pour politiser l’indignation et la révolte qui s’exprime au quotidien.
• Nous avons besoin d’un ATTAC politique qui prenne ses responsabilités en permettant de préparer un Podemos à la française. Il s’agit d’initier une dynamique d’universités populaires en mobilisant les intellectuel.le.s autour de thèmes que nous souhaitons porter : cosmopolitisme, commun, société globalisée, autonomie, revenu de base, crise écologique, extractivisme, écocides, égalité des citoyen.ne.s, reconstitutionalisation de la société. Rien ne se fera sans qu’il y ait un mouvement social faisant bouger les lignes. Les meilleures primaires ne remplaceront jamais le mouvement d’émancipation social et écologique issu d’en bas. Les échecs répétés de renouvellement (NPA, FDG, EELV) ne s’expliquent pas autrement. Dés lors notre énergie doit d’abord être de redonner du sens politique aux mouvements sociaux, d’aller à la rencontre des nouvelles générations, de mettre en place des processus de transmission de l’histoire du mouvement d’émancipation.
• Pour que les propositions issues d’en bas puissent être reprises « en haut », la logique du référendum d’initiative populaire à l’instar de la Suisse ou de l’Italie est une possibilité pour la prise de parole populaire de permettre une pression permanente sur la représentation nationale. Un changement substantiel de la loi Sarkozy qui avait été votée dans ce sens le permettrait.
6. Privilégier la recomposition politique à la bataille de chefs. Privilégier les législatives à l’élection présidentielle.
• A l’heure actuelle, force est de constater que le bloc cosmopolite, celui de l’écologie sociale, de l’écosocialisme, de la gauche critique n’a pas trouvé de moyen de se départager. Les épisodes précédents se sont toutes soldés par des échecs avant, pendant ou après le processus électoral, comme en 2007 : avant, avec les Comités antilibéraux, pendant, avec la primaire de désignation du candidat écologiste, comme en 2012, après, avec la faillite du Front de Gauche dont pourtant la campagne de son candidat avait été couronnée d’un très bon résultat. C’est pour cela que nous devons d’abord nous demander qui est le plus à même pour représenter notre camp en fonction de l’orientation politique suivie. Nombre de personnalités (comme par exemple Nicolas Hulot, Christiane Taubira, Noël Mamère, Jean Luc Mélenchon, Olivier Besancenot) ont chacun des atouts et des inconvénients pour représenter ce pôle. Ils ont démontré, chacun à leur manière à la fois leur ténacité et leur capacité d’être en phase avec le camp de l’écologie sociale, leur souci de se battre pour l’égalité des droits, l’écologie, la justice sociale et les libertés. Chacun défend un projet de transformation de la société qui répond au niveau d’exigence. En outre, ils présentent l’avantage d’être en situation de dépasser les 5 % et de permettre une recomposition et un rééquilibrage de la gauche. Soit ces personnalités décident que les primaires sont un moyen de confronter leurs propositions soit elles s’y refusent et alors rien ne pourra empêcher le morcellement et la division du camp de l’Alternative pour 2017. Dans tous les cas, nous estimons que ce sera seulement au lendemain du résultat des présidentielles que le processus de recomposition se décantera. Car que François Hollande se représente ou pas, qu’il soit battu ou non, il sera désormais clair que cette gauche de droite est passée de l’autre côté du Rubicon et que les forces de l’émancipation n’ont plus rien à partager avec eux. C’est pour cela que quel que soit le/la ou les candidat.e.s, nous estimons que nous devons privilégier une stratégie, celle de l’alliance des forces que regroupent EELV, le FDG et le mouvement informel de la citoyenneté active autour du contrat de mandature citoyenne, autour de comités de circonscriptions désignant leurs candidat.e.s sur la base de ce contrat de mandature. Nous connaissons le poids des logiques de partis dans la désignation des candidat.e.s. Mais nous estimons qu’une vague citoyenne peut à l’image de ce qui s’est fait en partie à Grenoble aux municipales, en Midi Pyrénées Languedoc Roussillon aux élections régionales, peut s’imposer au bout de ce processus.
Ce qui se passera en 2017 ne sera que la continuation de la décomposition du paysage politique quel qu’en soit le résultat. La seule nouveauté c’est la disparition actée de l’hypothèse d’une nouvelle gauche plurielle. Il faut reconnaître qu’il y a désormais une coupure irrémédiable entre la gauche sociale libérale conservatrice et autoritaire et le bloc de la transformation écologique et sociale de la société quelques soient leurs différences. SI, sortant du leurre du candidat.e unique de la gauche pour 2017, les différentes initiatives pouvaient converger pour arriver à un mode de désignation constituant validé par un ensemble conséquent de citoyens, avec la participation de tous les acteurs/actrices s’engageant réellement à défendre un socle commun, alors ces primaires du projet auraient un sens. Dans l’état actuel, la probabilité de réaliser ce processus est très faible. Dire le contraire est un mensonge qui au bout du compte contribuera au désengagement. En conséquence, la Coopérative soutiendra et s’engagera dans tout processus permettant l’émergence d’un mouvement de citoyenneté active, permettant qu’hors des appareils se reconstitue une capacité d’agir autour des grands enjeux de la période : contre la société de surveillance, de soupçon et l’Etat sécuritaire, contre l’ubérisation de la société et pour un revenu de Base garantissant l’accès aux droits fondamentaux, pour une politique européenne de rupture avec le néolibéralisme, contre les grands projets inutiles, pour une société fondée sur une production et une consommation écologiquement responsable. Pour l’Autonomie, le Commun, le Cosmopolitisme et l’écologie